Date de publication
22 avril 2025
modifié le

Trois doctorant·es, un défi : cap sur la finale régionale de Ma thèse en 180 secondes

Trois doctorant·es de Rennes 2 se sont illustré·es lors de leur première participation à Ma thèse en 180 secondes. Grâce à une présentation percutante et maîtrisée, Mélanie Coquelin, Inas Redjem et Quentin Villa se sont qualifié·es pour la finale régionale, prévue le mardi 6 mai 2025 aux Champs Libres. Entre coulisses de leur préparation et regards croisés sur la vulgarisation scientifique, ils nous partagent les temps forts de cette aventure.

Trois parcours, trois univers de recherche, trois manières de rendre la science accessible.

  • Mélanie Coquelin, psychologue clinicienne et doctorante à l’Université Rennes 2, étudie les phénomènes de honte et de culpabilité des proches endeuillés par suicide, au sein du dispositif Alinéa.
  • Neuropsychologue et doctorante à l’Université Rennes 2, Inas Redjem étudie la manière dont la réalité virtuelle peut former les professionnel·les de santé aux compétences non techniques en situation de crise.
  • Doctorant en histoire au sein du laboratoire Tempora, Quentin Villa explore la place du cirque dans les sociétés française et espagnole du début du XXe siècle. Il s'intéresse à ses imaginaires, ses pratiques et son rôle dans la culture de masse entre 1901 et 1939.
Les témoignages de nos 3 doctorant·es en vidéo
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Donner le tempo, je donnais le pas en passant la première et que si je me foirais ce serait bien pour les autres (rires). Ma thèse s'intitule "Étude psychosociale des phénomènes de honte et de culpabilité après suicide dans le cadre d'un dispositif expérimental et émergent qui s'appelle Alinea et qui accompagne les proches endeuillés par suicide" dans l'ouest des Côtes d'Armor. Le concours ma thèse en 180 secondes, je l'ai fait pour deux grandes raisons. Je voulais optimiser mes compétences en terme de communication, à la fois parler avec justesse et profondeur de mon thème mais tout en restant simple et efficace. La deuxième grande raison, c'est que mon thème de recherche est un thème qui est encore tabou, qui est encore sensible de notre société donc je tenais une nouvelle fois à me saisir d'une opportunité de pouvoir en discuter, en parler avec le grand public. La première étape au Diapason, les étapes de qualification se sont bien passées pour moi puisque je passe désormais en finale régionale. Si j'ai un grand conseil à donner en terme de gestion du stress, c'est partagez votre stress, parlez-en et il diminue un petit peu mais le stress c'est aussi quelque chose qui est très utile. Je suis pleine d'envie de continuer de partager et également d'optimiser mon pitch puisque donc l'enjeu est bien évidemment de poursuivre cette grande aventure et de continuer de partager sur un thème qu'on investit quand même pendant au moins trois grandes années donc c'est vraiment un grand plaisir de participer à ce concours. Je travaille sur l'apport de la réalité virtuelle pour la formation en compétences non techniques des étudiants et étudiantes en santé. J'ai voulu participer à ma thèse en 180 secondes dès le début de ma thèse en fait c'était un projet que je voulais réaliser durant les 3 ans. Pour moi c'était vraiment un challenge, je voulais vraiment me challenger sur l'exercice, plutôt sur l'aspect de mise en scène, de présenter devant un public très large et de jouer un petit peu sur scène. J'ai appris que je passais en première pas très longtemps avant le jour J. Je savais que j'allais peut-être être stressée et puis le fait de passer la première je le voyais comme un avantage pour deux points. Alors parce qu'on allait peut-être mieux se souvenir de moi et aussi parce que je passe la première puis après je vais m'asseoir et je peux profiter du reste de la soirée sans stresser. À l'approche de cette deuxième étape, je me sens curieuse de voir ce que je vais pouvoir faire différemment. Si je vais le vivre différemment et puis si je vais réussir à faire quelque chose de différent. Si j'avais un conseil à donner aux gens qui sont un petit peu stressé par la prise de parole en public, je leur dirais faites-le quand même. Faites-le quand même parce que c'est des opportunités qu'une fois qu'elles sont ratées, elles sont ratées donc vaut mieux les prendre et puis à la fin on est quand même fier de soi. Ma thèse donc porte sur le cirque, le cirque ambulant plus précisément en France et en Espagne entre 1901 et 1939. J'ai décidé de participer à Ma Thèse en 180 secondes, je dirais pour me donner un défi déjà, pour me confronter à l'oralité puis pour aussi essayer de travailler sur mon sujet finalement pour le rendre intelligible en 3 minutes. Ce qui n'est pas rien. C'est assez stressant avant, le pire c'est sans doute les quelques minutes qui précèdent quand on est en coulisse. Une fois qu'on est lancé après on est lancé, on oublie assez vite finalement on ne voit pas très bien le public. Je vais essayer de tenir compte des remarques qui m'ont été faites pour adapter un petit peu. Bien je dois dire que je n'y pense pas beaucoup encore j'essaie de ne pas trop me prendre la tête avec ça. Je suis très occupé par ma thèse parce que je suis en cours de rédaction et c'est plutôt ça qui m'accapare l'esprit donc sans doute que ça reviendra un peu 15 jours avant, tranquillement je me remettrai dans le bain. Alors un conseil pour les gens qui stressent de prendre la parole en public, je pense que déjà ça a rarement tué quelqu'un et deuxième chose il ne faut pas stresser de stresser souvent le pire c'est parce qu'on on appréhende, parce qu'on sait qu'on va passer un mauvais moment, parce qu'on sait qu'on va être stressé et puis tout vient avec l'habitude surtout. Si on n'a pas l'habitude de faire des prises d'oral c'est vrai que la première sera peut-être un peu difficile, la deuxième un peu moins et puis la troisième ça ira mieux c'est vraiment avec l'habitude qu'on dédramatise tout ça, on se rend compte que plus on fait des prises de paroles en public, plus en fait ça se passe bien et il nous arrive rarement quelque chose. Rendez-vous le 6 mai prochain aux Champs Libres pour les qualifications régionales de Ma Thèse en 180 secondes si vous voulez venir nous soutenir.

 

Quelles ont été vos motivations pour participer à MT180s ?

Mélanie Coquelin. Ma participation à MT180s était motivée par ma volonté de parler simplement et rapidement du travail que j’effectue quotidiennement. Par ailleurs, j’ai pour ambition de perfectionner mes compétences en communication dans le cadre de ma recherche. Ma plus grande motivation est la valeur du plaidoyer, car le thème du suicide est délicat à aborder et encore tabou. La scène du Diapason sur le campus de Beaulieu était un nouveau lieu d’expression avec une cible différente.

Inas Redjem. Dès le début de la thèse, je savais que je voulais participer à ce concours, il suffisait que je trouve le bon moment. J’adore les TEDx, le challenge m’intéressait. C’est une opportunité que je n’aurai pas après, qui rentre dans le cadre de la thèse ; c’est un chemin facilité.

Quentin Villa. J’étais attiré par le challenge que représente MT180s. J’avais envie de sortir de ma zone de confort et de ma discipline habituelle. Participer à ce concours était pour moi l’occasion de me confronter à un exercice oral particulier, souvent réservé aux sciences dites "dures". C’était aussi une manière différente de travailler sur mon sujet : apprendre à le présenter de façon claire et concise, en trois minutes seulement.

Comment vous êtes-vous préparé·es à cette première intervention ?

MC. Comme l’ensemble des participant·es, j’ai suivi trois jours de formations et je me suis prêtée à l’exercice de la vidéo. C’était une belle surprise de faire une présentation devant d’autres doctorant·es. Je me suis beaucoup entraînée seule et face à un public non averti de lycéens et lycéennes, qui étaient très encourageant·es. Au vu de mon sujet, j’ai douté de l’usage de l’humour ; il me fallait trouver le bon angle d’attaque pour l’utiliser avec justesse. Il s’agit d’un sujet où l’on se doit de prendre soin de son auditoire, j’avais à cœur que mon intervention ne heurte personne.

IR. Le premier jour, nous avons structuré le squelette du script de notre intervention. Pour ma part, j’avais déjà mon script en tête, la suite était du peaufinage. Le deuxième jour, nous avons travaillé avec une comédienne sur les aspects de mise en scène et la gestuelle. Cette journée m’a beaucoup aidée, le challenge pour moi était la dimension théâtrale avec laquelle je ne suis pas à l’aise. Je voulais me forcer à le faire. Le troisième jour, nous nous sommes entrainé·es pour notre passage sur scène. J’ai profité de ces moments pour rajouter des éléments d’humour et des silences à mon intervention ; j’avais également pour objectif de faire une boucle entre le début et la fin de ma présentation. Je voulais vraiment me dépasser.

QV. La formation m’a permis d’apprendre à faire le tri dans mes informations pour aller à l’essentiel. Ce qui m’a facilité l’appréhension de l’oral, c’est mon expérience d’enseignement : je suis en quatrième année de doctorat et donner des cours magistraux m’a beaucoup préparé à prendre la parole en public. Les colloques auxquels j’ai participé dans le cadre de mon travail m’ont également été très bénéfiques.

Comment faites-vous pour vulgariser vos recherches au grand public ?

MC. : L’enjeu est de vulgariser mon sujet sans dénaturer l’idée première. Pour cette présentation, je travaillais phrase par phrase. J’ai appris par cœur mon intervention afin que cela devienne automatique. J’ai également intégré à ma préparation la gestion du stress ainsi qu’une attention particulière à la dimension non verbale. Parler simplement sans jamais perdre la matière, la consistance et la profondeur de mon sujet, c’est tout le défi de MT180s. Comment trouver des mots simples pour exprimer quelque chose d’aussi vaste ? Pour cela, j’ai choisi d’utiliser une métaphore, celle de la vague, que les proches utilisent eux-mêmes. Face au suicide, les mots manquent souvent aux proches et ils ont recours à des images fortes pour décrire ce qu'ils vivent, comme celles du tsunami ou du tremblement de terre. Je voulais rompre avec l'idée que la mort serait "le dernier mot". Avec cette vague, j’ai cherché à saisir toute la complexité de leur expérience, mais aussi à évoquer la vie : quelque chose qui bouge, qui évolue, qui n’est pas figé et qui fait partie du vivant. Mon objectif était d'utiliser une image à la fois puissante et belle.

IR. : Avant de préparer MT180s, je n’avais pas beaucoup eu l’occasion de faire de la médiation scientifique au grand public. J’ai surtout l’habitude de communiquer auprès d’expert·es, notamment lors de congrès scientifiques. Cela dit, en tant que neuropsychologue, j’ai toujours fait l’effort d’expliquer mes recherches aux participants de mes études, et lorsque je donne des cours de méthodologie expérimentale, c’est aussi une vraie occasion de vulgariser son travail. Pendant la préparation au concours, nous avons beaucoup travaillé avec une comédienne. L’objectif était d’adapter notre discours comme si nous nous adressions à un enfant de six ans : moduler son vocabulaire, simplifier ses phrases, aller à l’essentiel. Les retours des autres doctorant·es m’ont aussi beaucoup aidée à ajuster mon discours.

QV. : En histoire, il y a moins de jargon scientifique que dans d’autres domaines et le cirque est un sujet qui parle assez facilement à tout le monde. La vraie difficulté, pour moi, a été de faire des choix : choisir, c’est renoncer. En trois minutes, il faut réussir à introduire, développer et conclure. Un autre défi a été de faire comprendre la manière dont on fait de la recherche en histoire, car notre rapport à la preuve et aux résultats est très différent de celui des autres disciplines scientifiques.

Quels conseils donneriez-vous à un doctorant qui souhaite participer à Ma thèse en 180 secondes ?

MC. Je recommande à tous les doctorant·es de se prêter à l’exercice de Ma thèse en 180 secondes, il ne faut pas hésiter, c’est une aventure qui est très généreuse ! Je conseille surtout aux participant·es de le faire en prenant du plaisir. C’est un enjeu pour la recherche, cela permet de créer des passerelles entre le monde de la recherche et le grand public, c’est extrêmement précieux.

IR. Participer à MT180 est une opportunité précieuse, qu’il ne faut pas laisser passer. Il n’y a rien à perdre, aucun véritable enjeu, seulement à apprendre. Le véritable plaisir vient après : on est fier·e et heureux·se de l’avoir fait une fois l’exercice accompli. Je conseillerais de ne pas attendre le dernier moment pour s’y préparer. C’est un travail qui demande du temps et qui doit s’inscrire dans une démarche progressive. Travailler avec une comédienne m’a beaucoup aidée à anticiper et à mieux gérer la pression. Il est également important de ne pas rester trop attaché à son premier texte : il faut rester souple, accepter les ajustements, et accueillir les critiques constructives avec humilité. Écouter les conseils des expert·es est une vraie richesse.

QV. Je conseille aux doctorant·es de ne pas se lancer trop tôt dans l’aventure de Ma thèse en 180 secondes. Il est essentiel de bien maîtriser son sujet avant de participer. Avoir déjà une certaine expérience, par exemple en ayant présenté son travail lors de colloques ou donné des cours, constitue un véritable atout. Je recommande vivement de tenter l’expérience, mais il est préférable que ce ne soit pas la première occasion de s’exprimer en public sur son sujet. Le format, très exigeant en raison du temps imparti, demande de la confiance en soi et des bases solides. Il faut souvent quelques années pour acquérir une véritable maîtrise de son sujet, et c’est cette maturité qui permet de tirer pleinement parti d’un exercice aussi particulier.

Quelles sont vos perspectives professionnelles ?

MC. Je suis en troisième année de doctorat, j’ai l’intention de soutenir en décembre 2025. En parallèle de mes travaux de recherche, je suis psychologue clinicienne, responsable d’un service de prévention du suicide et d’accompagnement du deuil après suicide. Je souhaite poursuivre mon activité clinique et développer mon activité d’enseignement.

IR. Actuellement, je suis dans ma dernière année de thèse et j'aspire à soutenir mon travail avant la fin novembre 2025. Je suis en phase de rédaction tout en réalisant ma dernière expérimentation. Mon objectif est de poursuivre avec un post-doctorat à l'étranger, car j'aime vraiment le monde académique. Participer à MT180s est une belle opportunité pour se faire connaître et gagner en visibilité, grâce à une expérience qui est facilement partageable.

QV. Je suis actuellement en quatrième année de thèse et j'espère pouvoir soutenir mon travail en décembre 2025. Je me laisse une certaine liberté quant à l'avenir, mais ce qui est important pour moi, c'est de "finir bien". Cela signifie ne pas bâcler mon travail, être satisfait de ce que je produis et, surtout, terminer dans un état psychologique décent [rires].

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